Une chronique des années 60…

1962, dans un pensionnat français : l’arrivée de Clara, juive Pied Noir, va bouleverser l’année du bachot de trois amies de longue date, Clémence, Marie, et Babette. Passée la méfiance et l’incompréhension, elles vont nouer une grande amitié et partager leurs expériences, leurs craintes, leurs aspirations… Le départ du pensionnat va marquer une rupture dans la relation de ce quatuor, fracturé par les convictions dissemblables et parfois inconciliables qui animent les quatre jeunes filles.

Clémence rejoint les mouvements étudiants et se lance corps et âme dans la lutte féministe. Marie suit son modèle familial en se mariant dans le but de fonder une famille. Babette, étudiante en lettre, se trouvera confrontée à une situation qui la contraindra à se positionner face aux combats idéologiques de l’époque. Quant à Clara, elle ne parviendra pas à se défaire de son passé, et traînera sa haine du Général durant ses années estudiantines. Leurs retrouvailles, en 1968, mêleront l’amertume et les regrets à la joie. Elles offriront un regain d’espoir aux quatre jeunes femmes, dont l’amitié sera le reflet du bouleversement politique et social de l’époque.

Pour l’auteur, il semblait important d’intégrer des moments chorégraphiés au sein de la pièce. Les morceaux musicaux choisis, de Françoise Hardy à Elvis Presley, en passant par des chansons engagées comme Mai 68 de Jean Michel Caradec, plongent le spectateur dans l’atmosphère des années 1960 et instaurent parfois un décalage avec l’action en cours, à la manière d’une comédie musicale. Portées par le rythme des sixties, les chorégraphies témoignent de l’élan vital de cette période. Elles s’inspirent des danses endiablées des dancings d’alors, et injectent des limites physiques dans les idéaux des personnages… »

La France des années 60 découvre la prospérité et retrouve sa place dans le concert des nations. Le pays connaît une croissance sans précédent et des mutations exceptionnelles, autant vaut le dire beaucoup trop rapides pour que cela n’ait de lourdes conséquences. Sous la présidence d’un homme d’État d’exception, célébré par l’Histoire, la France veut développer son progrès, restaurer sa puissance et assurer son indépendance… Mais la France des années 60, c’est aussi, avec le retour de de Gaulle au pouvoir, celle du drame algérien. C’est par lui et à travers le destin des Pieds-Noirs, que débute le Vent de Mai…

À travers l’amitié et le destin de quatre jeunes filles, témoins de l’Histoire, le récit nous plonge dans une chronique alléchante des Trente Glorieuses, rythmée par les magnifiques chorégraphies des sœurs George. Un spectacle qui se veut vif, passionné et un brin provocateur, comme le furent ces années folles…Ce spectacle s’inscrit dans une volonté de revenir à des moments clefs de l’histoire contemporaine, afin de saisir les bouleversements sociaux et culturels qui ont modelé le monde moderne, en revenant sur les ambiguïtés de chaque époque.

Il s’agit ici de s’attacher à comprendre le passage d’une société conservatrice et assez traditionnelle, à une société moderne ayant remis en cause son fonctionnement patriarcal. L’élan qui anime le Vent de Mai est donc certes celui de la contestation étudiante, mais plus encore celui de l’émancipation féminine, qu’aucune crise économique ni aucune croyance ne saurait aujourd’hui remettre en question… En toile de fond, les idéologies s’affrontent en sempiternelles polémiques… les années 60 ressemblent parfois à une image d’Épinal, celle d’une jeunesse révoltée en quête de liberté. À trop vouloir changer le monde, n’a-t-on pas fini par le voir plus laid qu’il n’était en réalité ? A trop rêver, cette génération n’a-t-elle pas transmis un héritage impossible à assumer ?

En nous associant avec Fanny et Noémie George, qui font pour l’occasion leurs premiers pas au théâtre, nous avons voulu donner une énergie nouvelle à nos créations, celles jusqu’ici présentées avec l’Atelier du Premier Acte, en offrant au public un nouveau plongeon dans le passé, histoire sans doute d’oublier un peu le présent… Le temps, par la danse, défile avec grâce et émotion, bercé par les tubes naïfs et enjoués de cette époque fleurissante. Sur scène, les quatre filles témoignent, émeuvent et offrent au public une énergie profonde, sincère et touchante, celle que provoque avec force le souffle du Vent de Mai… » Lionel Courtot.

Création printemps 2018 : Le Vent de Mai

Dossier présentation VDM 2018


Catégories : Spectacles